Les Floralies internationales de Montréal 1980
- 31 mars 2025
- 60 ans de l'AAPQ
Au tournant des années 1980, l’architecture de paysage connaît un essor au Québec, portée par un intérêt croissant pour la qualité des espaces publics et l’embellissement urbain. C’est dans ce contexte que se tiennent les Floralies internationales de Montréal, un événement horticole et paysager ambitieux.
C’est Jean Garon, ministre de l’Agriculture alors au pouvoir, qui est à l’origine de cet événement qui a marqué le Québec. Il souhaitait que la ville de Québec accueille l’événement, mais le manque d’infrastructures adaptées a poussé les organisateurs à se tourner vers Montréal, qui possédait déjà une belle expertise grâce au Jardin Botanique, le 3e plus grand au monde à l’époque.

Un projet d’envergure sur la scène internationale
Les Floralies internationales de Montréal s’inscrivent dans la tradition des grandes expositions horticoles européennes. Inspiré par les Floralies belges de Gand, l’événement vise à promouvoir l’horticulture, le design paysager et l’embellissement urbain.
Pour cette première édition en sol nord-américain, une douzaine de pays participent, dont la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Japon et les États-Unis. Chaque délégation aménage un jardin éphémère, reflétant sa culture et son savoir-faire paysager.
Le choix du parc Jean-Drapeau (qui se nommait à l’époque « Parc des îles ») comme site hôte s’avère stratégique. Situé sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, le parc dispose déjà des infrastructures laissées par Expo 67, facilitant l’accueil des millions de visiteurs attendus. Toutefois, l’Exposition des Floralies se divise en deux lieux et la partie intérieure se déploie au Vélodrome olympique de Montréal.

Une vingtaine de jardins sont créés, mettant en scène des compositions végétales complexes, des jeux d’eau et des sculptures paysagères. Des allées fleuries, des pavillons et des espaces de détente sont aménagés pour guider les visiteurs à travers une expérience immersive.
Le succès est immédiat : près de 2 millions de visiteurs parcourent les jardins extérieurs durant l’été, attirant à la fois des amateurs de jardinage et des professionnels du milieu. Cet engouement confirme l’intérêt croissant pour les espaces verts bien conçus et accessibles.
L’Italie, les Pays-Bas, la France et les États-Unis se démarquent en recevant des prix d’excellence pour leurs aménagements de jardins intérieurs et extérieurs. Les jardins de l’île Notre-Dame mettent quant à eux en valeur la flore indigène du Québec et du Canada, contribuant à sensibiliser le public à la richesse botanique locale.

Un impact durable sur la profession
Les Floralies ne se limitent pas à un simple événement festif : elles ont marqué un tournant dans la reconnaissance de la profession d’architecte paysagiste au Québec.
D’une part, elles mettent en lumière la créativité et l’expertise technique des concepteurs d’espaces verts. Le public découvre des aménagements sophistiqués où le végétal dialogue avec le minéral, l’eau et les œuvres d’art. Pour de nombreux visiteurs, c’est l’occasion de mieux comprendre le rôle des architectes paysagistes dans la création d’espaces publics de qualité.

D’autre part, l’événement a eu un effet catalyseur sur la profession. Il inspire de nouveaux projets d’aménagement urbain dans les années qui suivent. Par exemple :
- La revitalisation du Vieux-Port de Montréal s’inscrit dans la foulée d’une attention accrue portée au design paysager.
- Le développement de parcs linéaires et d’espaces publics met davantage l’accent sur la qualité esthétique et fonctionnelle des aménagements.
Enfin, sur le plan institutionnel, les Floralies renforcent la visibilité des architectes paysagistes auprès des municipalités, des promoteurs et du grand public. L’événement contribue ainsi à la professionnalisation du milieu, en augmentant la reconnaissance de l’expertise paysagère dans les projets urbains.

Un héritage toujours vivant
Bien que les Floralies aient été un événement éphémère, leur héritage se fait toujours sentir, en particulier au parc Jean-Drapeau avec les jardin des Floralies, où on peut encore retrouver des jardins et des sculptures végétales témoignant de cette période.
L’événement a laissé une empreinte culturelle durable. Il a contribué à sensibiliser le public à la valeur esthétique et culturelle des paysages, renforçant l’intérêt pour l’embellissement urbain et la qualité des espaces verts. Plusieurs professionnels du milieu considèrent les Floralies comme un jalon marquant ayant contribué à la reconnaissance de l’architecture de paysage au Québec.

Pour aller plus loin :
- Floralies de Montréal sur le site de la Ville de Montréal
- Floralies de 1980 sur le site du Bureau international des expositions

