Le développement durable au cœur du nouveau plan directeur d’aménagement
- 3 mars 2021
- Architecture de paysage institutionnelle
- Biodiversité et conservation
Source: nouvelles.umontreal.ca
3 mars 2021 –
Avec la protection du patrimoine et la reconnaissance autochtone, le développement durable fait partie des trois axes autour desquels s’articule le nouveau plan directeur d’aménagement du campus de la montagne. Ce nouveau plan, qui présente la vision de l’Université de Montréal sur un horizon de 15 à 20 ans, propose des gestes forts en vue de protéger le mont Royal par notamment l’abandon de certaines idées d’agrandissement pour renforcer la coulée verte.
«L’Université a une responsabilité particulière parce qu’elle se trouve sur le mont Royal, qui s’inscrit dans un patrimoine historique et naturel unique», dit Alexandre Beaudoin, conseiller à la biodiversité à l’UdeM
À cause de son dénivelé important, le campus de la montagne fait par ailleurs face à plusieurs défis concernant la gestion des eaux, des populations forestières et des habitats. Dans ce véritable système socioécologique, chaque geste peut avoir un effet inattendu: l’utilisation de sel à déglacer, essentielle à la sécurité des usagers du campus, nuit par exemple aux salamandres des boisés.
Un engagement à l’égard de l’environnement
Dans les dernières années, l’Université de Montréal a adopté une série de mesures qui témoignent de son engagement en matière d’environnement. Son programme de reboisement a dans les sept dernières années permis la plantation de 2600 arbres et celui relatif à la gestion des espèces envahissantes de limiter plus particulièrement la présence du nerprun cathartique, un arbuste qu’on trouve partout sur le campus. Des potagers agrémentent le campus depuis bientôt 10 ans grâce au travail bénévole d’étudiants et d’étudiantes, de membres du personnel et du conseiller à la biodiversité. En 2020, l’Association for the Advancement of Sustainability in Higher Education a même décerné une note parfaite à l’UdeM dans la catégorie Biodiversité et gestion des terrains.
Un campus vert
Les engagements à l’égard du développement durable du plan directeur reflètent ceux pris dès 2014 dans la politique de développement durable de l’Université: rapprocher la communauté étudiante du milieu naturel; augmenter la mobilité durable; accroître la résilience des infrastructures et s’adapter aux changements climatiques; réduire l’incidence de l’approvisionnement (services alimentaires, bureaux, etc.). «Le développement durable, c’est transversal: on vient toucher à peu près à tous les services», souligne M. Beaudoin.
Parmi les gestes significatifs, le plan directeur propose de supprimer 10 % des places de stationnement à long terme, en particulier celles en surface. La proportion de la canopée dans la zone institutionnelle (12,8 % en ce moment) serait aussi considérablement accrue pour se rapprocher des objectifs de la Ville de Montréal (25 %).
Le renforcement de la coulée verte est un autre projet phare porté par le nouveau plan directeur. En effet, l’UdeM abandonne des idées d’expansion prévues dans le plan de 1995, à l’est du pavillon Pierre-Lassonde et Claudette-McKay-Lassonde, au milieu de la coulée verte (à l’heure actuelle un stationnement). Les 106 places de stationnement seraient éliminées et reboisées. «La coulée verte, c’est un projet fabuleux», croit Alexandre Beaudoin. Celle-ci viendrait relier deux parties de boisés du campus de la montagne. «En raccordant ces deux boisés, on veut favoriser la migration de la faune et de la flore, et créer des habitats, des lieux où les espèces animales pourront se nourrir et se sentir en sécurité», explique M. Beaudoin.
L’Université de Montréal a aussi intégré officiellement le projet de corridor écologique et vivrier Darlington dans le nouveau plan. Ce projet pionnier reliera le campus de la montagne au nouveau campus MIL, tel un bras qui se déploie à travers la ville. «À la base, l’idée est de lier nos deux campus, mais l’objectif est de concevoir un corridor continu qui va permettre la migration des espèces», décrit M. Beaudoin.
Une vision intégrée
La nouvelle règlementation adoptée dans la foulée du nouveau plan d’aménagement amènera par ailleurs une gestion des eaux de pluie renouvelée. En effet, le dénivelé de la montagne pose un défi particulier lors de grosses averses, d’autant plus que les superficies minéralisées occupent une place importante sur le campus. Ces enjeux risquent d’empirer avec les changements climatiques. «On doit essayer de trouver des solutions pour retenir l’eau plus longtemps sur le territoire de l’Université afin de ne pas saturer le réseau pluvial de la ville. Les solutions, entre autres, sont de construire des bassins de rétention et de mettre à profit nos milieux naturels», avance Alexandre Beaudoin. Les milieux humides des boisés présents sur le campus absorbent ainsi l’eau (une fois débarrassée de ses impuretés) comme des éponges, eau qui sert ensuite à la croissance des végétaux, maximisant les services écosystémiques.
En matière de mobilité, le plan directeur s’avère aussi novateur. «Le campus a été dessiné pour l’automobile; le plan directeur 2020 engage une réflexion plus moderne en proposant des voies partagées», affirme Stéphane Béranger, coordonnateur au développement durable à l’UdeM. Avec l’élimination de plusieurs stationnements de surface, l’ajout d’une piste cyclable et l’aménagement d’un axe de vie est-ouest, le campus favorisera les transports actif et collectif.
La vision intégrée du plan directeur réunit donc plusieurs préoccupations, se traduisant par des gestes concrets en verdissement, aménagement et biodiversité, avec l’expérience étudiante et la santé publique. «On a un campus exceptionnel; c’est comme s’il y avait eu une véritable prise de conscience dans le plan directeur: on crée des aménagements pour enrichir l’expérience des étudiants et des étudiantes», observe M. Beaudoin.