60 ans d’architecture de paysage : une place grandissante pour les femmes

L’architecture de paysage est une profession qui a connu une transformation significative au cours des dernières décennies, notamment en ce qui concerne la place des femmes. Depuis la création de l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ) en 1965, la proportion de femmes dans la profession n’a cessé d’augmenter, témoignant d’une évolution majeure dans le domaine.

Une montée progressive de la représentation féminine

Quand l’AAPQ a été créée en 1965, il n’y avait que 3 femmes parmi les 28 membres fondateurs·trices, soit 10,7%.

Quelques années plus tard, d’autres femmes architectes paysagistes sont devenues membres de l’Association. Elles ne représentaient cependant que 12 % des membres de l’AAPQ entre 1965 et 1974. Cette proportion a doublé entre 1974 et 1984, atteignant 26 %, puis a connu une hausse marquée pour atteindre la parité (52 %) dans les années 1990. En 2025, les femmes constituent 55 % des membres de l’AAPQ, un chiffre qui illustre la féminisation croissante de la profession au Québec.

Cette progression peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment une plus grande accessibilité aux études, une reconnaissance accrue des femmes dans le domaine et une évolution des mentalités qui a permis aux femmes de se faire une place dans un secteur historiquement dominé par les hommes.

Un leadership féminin en progression ?

Si la présence des femmes dans la profession est maintenant majoritaire, leur accès aux postes de direction et aux rôles décisionnels reste une question à approfondir. L’histoire de l’AAPQ montre que plusieurs femmes ont occupé la présidence du conseil d’administration au fil des années, contribuant activement à l’évolution de l’association et de la profession. Cependant, sur 26 président·e·s de l’AAPQ depuis sa création, nous comptons seulement 8 femmes, soit 30%, dont 3 dans les 12 dernières années (Myriame Beaudoin de 2013 à 2015, Isabelle Giasson de 2015 à 2021, et Catherine Fernet depuis 2021). On remarque donc une accélération récente de la présence féminine à ce poste-clé.

L’augmentation du nombre de femmes dans la profession soulève des questions intéressantes : cette féminisation a-t-elle influencé les pratiques et les approches en architecture de paysage ? A-t-elle contribué à diversifier les visions et les priorités dans l’aménagement des espaces publics et naturels ? Peut-être cet article inspirera-t-il quelque futur·e chercheur·e pour un projet de recherche plus approfondi ?

Un avenir encore à construire

Bien que la progression soit notable, il reste des défis à relever, notamment en ce qui concerne la reconnaissance et la valorisation des contributions féminines dans le domaine. La visibilité des femmes dans les projets majeurs, leur accès aux postes de direction et leur reconnaissance comme figures influentes de la profession sont autant de sujets à suivre pour les années à venir. De plus en plus de femmes se sont vues remettre le prix Frederick-Todd depuis sa création en 1995, mais elles représentent seulement un quart des lauréat·e·s.

Il convient de souligner ces 15 femmes : Chantal Prud’homme (1995), Irène Cinq-Mars (2000), Marie-Claude Robert (2002), Eleni Stavridou (2005), Myriame Beaudoin et Helen Fotopoulos (2007), Diane Martin (2008), Wendy Graham (2010), Anne-Carole Beauregard (2012), Lise Cormier (2014), Marie-Claude Massicotte (2015), Malaka Ackaoui (2018), Denise Blais (2019), et Lucie St-Pierre (2024). Bravo mesdames pour votre contribution à l’architecture de paysage!

L’évolution de la place des femmes en architecture de paysage reflète un changement sociétal plus large, où l’égalité des genres devient une norme et non plus une exception. L’AAPQ, en accompagnant cette transformation, continue de jouer un rôle clé dans l’histoire de la profession au Québec.